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COMMISSION POITRAS
COMPLÉMENT D'INFORMATION
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Et comment aussi comprendre la sortie virulente du président de l’Association des Policiers Provinciaux du Québec, monsieur Jocelyn Turcotte, le 8 juin 1994, et qui est rapporté comme suit : " Le président de l’Association des Policiers Provinciaux du Québec (APPQ) considère que la Sûreté du Québec est en état de crise à cause des événements qui se produisent à Oka, particulièrement depuis samedi soir, et il demande au directeur général Robert Lavigne d’ordonner une intervention majeure, avec l’armée et la GRC si nécessaire, pour régler une fois pour toute cette situation qu’il qualifie de pire qu’en 1990 "6.

Cette situation décriée avec véhémence était-elle pire parce que c’est la sécurité et la protection des policiers qui étaient menacées? Il faut le croire si on se rapporte aux propos tenus le 6 juin 1994 par le directeur adjoint du poste de Saint-Eustache à qui des citoyens de Kanesatake qui étaient venus demander de protéger une famille de deux adultes et deux enfants en bas âge dont la propriété était attaquée par des gens armés qui tentaient de l’incendier se firent répondre par le directeur adjoint : " on va se protéger avant de vous protéger "7.

La Commission a certainement le devoir de vérifier l’ampleur de cette philosophie et de cette mentalité, de cette façon de faire chez les policiers provinciaux de se protéger avant de porter secours et d’assurer la protection des citoyens.

La Commission a certainement aussi le devoir de savoir quelle interprétation et quelle véracité faut-il faire d’un témoignage comme celui de l’enquêteur Hilaire Isabelle disant : " Mon devoir est de faire respecter les lois en vigueur au Québec. Je ne suis pas négociable ". Si cette déclaration rencontre l’assentiment de plusieurs de ses collègues, alors pourquoi les policiers provinciaux ont-ils tous fermé les yeux sur le non respect des lois pendant cinq années à Kanesatake.

Le président de l’APPQ, M. Jocelyn Turcotte, disait encore dans sa sortie du 8 juin 1994 : "  La population en général n’a pas d’idée de la gravité de la situation. Non seulement la vie de nos membres est en danger lorsqu’ils interviennent, mais aussi celle des habitants d’Oka. "6.

Lorsque le président de l’APPQ admet la gravité de la situation c’est aussi qu’il admet que toute une population civile est prise en otage parce que ses membres, les policiers provinciaux du Québec, n’ont rien fait pour désamorcer une situation qui, quotidiennement, risquait de dégénérer et d’exploser. À ce chapitre l’inertie des policiers provinciaux rejoint celle de leur grand patron, le ministre de la Sécurité Publique lorsqu’il admettait et avouait: " Je regrette vivement cette situation sur laquelle nous n’avons malheureusement aucun contrôle complet et définitif "8; la Commission se fera certainement un devoir d’analyser le degré de complicité et de complaisance dans l’inertie que le ministère et les policiers provinciaux ont démontré à Kanesatake.

D’ailleurs si la situation n’a pas dégénéré, c’est uniquement parce que le gouvernement a floué les victimes en leur promettant dédommagement intégral de leurs pertes et préjudices : nous attendons toujours que le gouvernement respecte cet engagement et nous envisageons la prise de procédures si le gouvernement continue d’omettre de se souvenir de cet engagement.

Les policiers provinciaux n’ont pas seulement le rôle de voir à l’application de la loi mais aussi l’obligation de voir à ce que celle-ci soit respectée. Être complaisant avec le gouvernement à ce chapitre c’est aussi d’être conjointement responsable de vouloir maintenir des victimes, au quotidien, dans une région où règne l’anarchie et où tous les services offerts normalement à la population ne sont plus disponibles tels que, à titre d’exemples, couverture d’assurance des biens, financement personnel, commercial et hypothécaire.

Certains gestes illégaux qui ont été posés à Kanesatake sont si graves qu’il est impensable qu’ils puissent se produire dans un pays aussi civilisé que le Canada. Si nos gouvernements, devant de tels gestes, refusent d’ouvrir une enquête pour ne pas nuire à leur image et risquer leur opportunisme politique, les policiers provinciaux, eux, ont l’obligation d’intervenir comme en témoignait l’enquêteur Hilaire Isabelle : " On ne peut pas abriter des actes criminels, c’est impossible ". Tirer des coups de feu sur des avions et des hélicoptères en vol dont l’équipage est à la recherche de sinistrés, c’est criminel. Ni les policiers provinciaux ni nos gouvernements, dont certains membres occupent aujourd’hui les plus hautes fonctions à l’Assemblée Nationale, et qui ont eu entre leurs mains les pièces justifiants une enquête, n’ont pourtant jamais voulu rien faire.

Le manque de protection et de sécurité est un élément difficilement quantifiable; mais une certitude demeure : les victimes payent toujours la note. Les policiers provinciaux du Québec, en refusant d’agir, savaient pertinemment qu’ils isolaient les victimes et les laissaient à leur propre sort. Aurait-on permis que les pompiers d’une ville fassent de même, pendant une telle période de temps sans qu’il y ait eu intervention pour protéger des citoyens pouvant être victimes d’incendies. Pourtant le travail des policiers comme celui des pompiers est d’une première nécessité dans un pays civilisé. Les ténors du gouvernement du Québec connaissaient bien les subtilités de faire payer les victimes en les privant de protection plutôt que de prendre leurs responsabilités et d’hypothéquer leur opportunisme politique. La population toutefois, ignorait que la Sûreté du Québec s’associait au gouvernement du Québec pour faire de même.

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6 La Presse, Jean-Paul Charbonneau, le 8 juin 1994. Dans mémoire MAVCO à 4.11.02.
7 La Presse, Jean-Paul Charbonneau, le 7 juin 1994. Dans mémoire MAVCO à 4.11.01.
8 Lettre du 8 novembre 1993 de monsieur Claude Ryan, ministre de la Sécurité Publique, à Jean Jolicoeur. Dans documents de référence, mémoire du MAVCO à 5.22.01.

 

 

 

 

 

Suite du complément, page 4
 

 
 
 
 
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